Revue Europe - N° 1129 / Mai 2023 

Note de lecture: Victor SEGALEN, Le Maître-du-Jouir, suivi de Gauguin dans son dernier décor, par Muriel Détrie. 


Extrait:


"Ce roman nous charme ainsi comme une fiction d’une grande puissance poétique.Pour ajouter encore à notre plaisir, l’ouvrage, imprimé sur beau papier, est richement illustré : un cahier en couleurs reproduit diverses peintures et gravures de Gauguin qui trouvent des échos dans les deux textes de Segalen, et ceux-ci sont accompagnés tout du long des dessins colorés d’Adélaïde Lebrun qui font surgir des têtes d’hommes, de dieux, de Gauguin ou de Segalen lui-même,du sein d’une nature luxuriante. Ces visages à l’allure de masques, striés de lignes qui s’harmonisent avec celles des fleurs, des fruits, des roches et des paysages qui les cernent, nous font rêver à un monde où l’homme serait partie intégrante de la nature et illustrent à merveille ces propos du narrateur à propos du Maître du Jouir : « […] il s’abandonnait au monde ; il s’en pénétrait ; il devenait un peu de la montagne, un peu de la mer, un peu du sol […] ». Comment mieux dire que Le Maître-du-Jouir est aussi un roman qui nous montre la voie d’une réconciliation entre nature et culture dont nous avons le plus grand besoin aujourd’hui ?"

20 septembre 2022

L'Institut du Tout-Monde vous convie à une séance consacrée à Victor Segalen, par Colette Camelin, l'une de ses meilleures spécialistes. Jeudi 22 septembre 2022, 19h, Paris Maison de l'Amérique latine.

À peine débarqué à Tahiti en 1903, Segalen travaille à son roman Les Immémoriaux où il imagine l’évangélisation des Maoris de leur point de vue : la perte de leur monde humain et spirituel. Après la publication de ce livre, Segalen commence en 1908 Le Maître-du-Jouir : un Gauguin imaginé « s’irrite de l’état où la civilisation a réduit » les Maoris et tente de « leur rendre leurs dieux dont il taillera les images ».  Le Maître-du-Jouir  entrelace plusieurs lianes : la culture polynésienne, la relation de Gauguin et de Segalen à cette culture, l’orientalisme (les Védas), le Zarathoustra de Nietzsche et la Beauté comme esthétique, du sculpteur comme du poète, et comme éthique. Édouard Glissant écrit : « Segalen va vers l’autre, court à l’ailleurs ».

Professeure émérite à l'Université de Poitiers, Colette Camelin est l'une des plus éminentes spécialistes de Saint-John Perse et de Victor Segalen, au sujet desquels elle a publié des études déterminantes. Elle est par ailleurs présidente de l'Association Victor Segalen.

http://tout-monde.com/colettecamelin.html

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